Transkript
ARGUS PHYTOTHERAPIE
Berichte, Studien, Innovationen
Confirmation sur modèle expérimental de l'effet anti-inflammatoire de la griffe du diable (Harpagophytum procumbens)
L'effet analgésique et anti-inflammatoire de la griffe du diable a été confirmé sur modèles animaux comme aussi en clinique. Les auteurs d'une étude sur l'extrait de griffe du diable ont montré que dans des conditions expérimentales, l'effet anti-inflammatoire subsiste après traitement par un système externe de métabolisation.
Introduction Les inflammations se produisent en réaction à des stimuli nocifs et jouent un grand rôle dans les affections telles que la polyarthrite rhumatoïde, l'arthrose, l'athérosclérose et l'asthme. Les médicaments antiinflammatoires non stéroïdiens (AINS) et les corticoïdes sont les plus fréquemment utilisés dans ces cas, mais malheureusement souvent associés à des effets indésirables. D'où l'intérêt croissant pour les agents d'origine naturelle ayant un effet inhibiteur sur les inflammations. Harpagophytum procumbens (HP), appelé aussi griffe du diable, est une plante de la famille des pédaliacées du sud africain. L'extrait de tubercules d'Harpagophytum procumbens (eHP) est connu en Europe en tant que médicament adjuvant dans le traitement de maladies et douleurs rhumatismales. Les principaux composants chimiques de la griffe du diable sont des glycosides iridoïdes, des acides aromatiques (p. ex. acides caféique et cinnamique), des triterpènes (p. ex. acide oléanique), des phytostérols, des sucres et des flavonoïdes. Les extraits d'Harpagophytum procumbens sont utilisés depuis des siècles pour traiter diverses maladies, entre autres la polyarthrite rhumatoïde et l'arthrose. Toutefois, les mécanismes de leur effet inhibiteur d'inflammations et antalgique ne sont pas encore élucidés. Des études in vitro et ex vivo montrent entre autres un effet inhibiteur de la griffe du diable sur les enzymes COX-2, sur l'oxyde nitrique synthase inductible et sur des cytokines pro-inflammatoires (TNF-␣, IL-1). Par ailleurs, les propriétés antioxydantes des flavonoïdes et phénols pourraient être partiellement responsables de l'effet anti-inflammatoire. Or, les résultats des recherches chez l'ani-
mal et chez l'homme sont hétérogènes. Certaines études constatent un effet positif, d'autres n'en observent pas. On suppose que la digestion influence l'activité pharmacologique d’HP. Ainsi, lorsque HP a été exposé pendant 3 heures à un acide (HCL; pH = 1), son activité a disparu. Les cytokines pro-inflammatoires, notamment l'interleukine-1 (IL-1), le facteur de nécrose tumorale ␣ (TNF-␣) et IL-6, sont des médiateurs essentiels; l'inhibition de ces cytokines est décisive pour l'efficacité clinique d’HP. Comme les préparations d'HP inhibent légèrement les enzymes hépatiques du cytochrome P450, on se demande si leur efficacité pourrait être influencée par une métabolisation externe. La présente étude examine l'effet d'une métabolisation d'un extrait d'HP au moyen d'un S9-mix de foie de rat contenant des enzymes de CYP450 sur la cytotoxicité de cet extrait et son activité anti-inflammatoire, c'est-à-dire inhibant la sécrétion des cytokines pro-inflammatoires TNF-␣, IL-6 et chémokine IL-8 par des monocytes de lignée THP-1 stimulés par des lipopolysaccharides.
Méthode La méthode assez complexe se résume comme suit. Une expérience de dépistage sur 12 cytokines pro-inflammatoires en a identifié 3 comme appropriées pour l'étude, à savoir TNF-α, IL-6 et IL-8. Elles ont été dosées par ELISA dans des monocytes THP-1 stimulés par des lipopolysaccharides (LPS). Les monocytes ont été traités par l'extrait d'Harpagophytum métabolisé (eHPm) au moyen d'un S9-mix de foie de rat et leurs cytokines également dosées. La cytotoxicité a été évaluée par le test WST-1.
Résultats et conclusion En concentrations non cytotoxiques (50– 250 µg/ml), l'extrait d'Harpagophytum exerce une inhibition dose-dépendante sur
la libération des cytokines pro-inflamma-
toires TNF-␣, IL-6 et de la chémokine IL-8
dans des monocytes THP-1 stimulés par
des lipopolysaccharides. Le traitement de
l'extrait d'HP par le S9-mix simulant l'effet
du métabolisme n'a ni influencé sa cyto-
toxicité ni modifié son effet inhibiteur sur
la libération des cytokines pro-inflamma-
toires TNF-␣, IL-5 et IL-8. Dans le cas du
TNF-␣, cet effet inhibiteur est même plus
net après traitement (figure). Il apparaît
donc que l'effet suppressif de l'extrait de
griffe du diable sur les cytokines pro-inflam-
matoires TNF-␣, IL-6 et IL-8 a résisté à un
système externe de métabolisation, même
si la quantité d'harpagosides et de dérivés
de l'acide caféique en a été diminuée. Il
semble ainsi que d'autres composants en-
core de l'extrait contribuent à son effet
anti-inflammatoire. Les données de l'étude
plaident en faveur de l'utilisation de la
griffe du diable comme médicament
anti-inflammatoire.
RAO
Hostanska K et al.: Alteration of anti-inflammatory activity of Harpagophytum procumbens (Devil’s Claw) extract after external metabolic activation with S9 mix. J Pharm Pharmacol 2014 (in print).
964
ARS MEDICI 19 I 2014